Architecture de Bande Dessinée

"Attention travaux. Architecture de bande dessinée".
"Architecture, bande dessinée ; à leur rencontre : des univers singuliers. Certains familiers : classiques paysages urbains, cartes postales, souvenirs et nostalgies ; d'autres plus contemporains offrant les signes de la tension qui parcourt nos villes, avec leur beauté parfois angoissante, leurs zones incontrôlées. Et des mondes disparus attentivement recrées : temples antiques, cabanes gauloises, châteaux-forts, des Babylones mythiques, le Paris fin-de-siècle, l'entre-deux-guerres, un Far-West de bric et de broc.
Des villes réelles aussi, restituées avec leur atmosphère particulière, tous ces on-ne-sait-quoi qui font que, parmi cent, on reconnaîtra la Londres de tel illustrateur, les Berlin, Paris, Los Angeles de tels autres, la banlieue de celui-ci encore. Des utopies enfin, marquées par la science-fiction, le futurisme high tech, ou bien traversées de peur ; les unes promises aux incertitudes de la techniques, les autres au lent naufrage, retournant à la sauvagerie dans les ruines de béton armé que l'érosion et les meurtrissures paraissent ramener à l'état de nature. Utopies encore, différentes, civilisations fantastiques et fantasmatiques, où tout semble se fondre dans l'étrangeté de nouvelles formes urbaines, parfois marquées par le souvenir des constructions curieuses de Gaudi, souvent mêlées d'agrégations végétales monstrueuses, de morphologies animales, de formation cristallines. L'architecture est là, partout présente ; à peine esquissée parfois ; ou bien au contraire personnage essentiel du scénario, mis en place au prix de tout un arsenal de vues proches ou distantes, de panoramas, cadrages, avec des plans successifs, des séquences, des vues en plongée ou en contre-plongée, des avants-plans détachés sur des fonds simplement silhouettés, des effets de perspective… Et puis, surtout, cet environnement du construit que nous restituent le cinéma, la photographie ou la bande-dessinée : la qualité du ciel, l'étirement des nuages, les sols qui luisent après la pluie, l'atmosphère d'un jour de brume, la violence d'une lumière d'été et surtout la vue de nuit, si importante, si troublante, si présente dans la bande dessinée. L'architecture, ainsi regardée, n'est plus cet objet inerte et silencieux où les ombres portent à quarante-cinq degrés le long de façades impassibles. Elle quitte l'épure, prend vie et matière, rayonne ou se flétrit. Elle accompagne les moments du récit, en conforte les émotions, frontale, en un choc brutal, ou bien ne constituant qu'un horizon discret, imperceptible paysage de l'action". (F. Chaslin).
Exposition créée par l'IFA et présentée dans le cadre du Salon de la bande dessinée au Conservatoire de musique Gabriel Fauré à Angoulême. Réalisation : J.M. de Busscher, L. Guyon et F. Mutterer. Un numéro spécial de ("à suivre") sort parallèlement. L'affiche est de Joost Swarte.