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Au début des années 1961, quelques esprits curieux, sans doute animés par une aversion tenace pour l'architecture brutale des Trente Glorieuses, crurent bon d'exhumer des tiroirs un poète oublié, auteur de quelques immeubles pittoresques dans les sages rues d'Auteuil, à Paris et d'une gare, place de la Bastille, plus connue pour ses allures de pagode que par la signature qui y est apposée: " Hector Guimard, Architecte d'Art ". Intrigués par tant de prétention - l'appellation n'a pas de précédent dans l'histoire de l'architecture -, ils mènent de facto l'enquête et découvrent rapidement un artiste hors normes (bien au-delà du mouvement esthétique auquel il est censé appartenir : l'Art nouveau), décelant chez ce " décorateur " un authentique architecte, innovateur, protéiforme. Son succès fulgurant - l'essentiel de son œuvre a été élaboré en moins de dix ans - et sa non moins fulgurante déconvenue auprès de la critique et du public, conduiront nos chercheurs à cette, triste réalité : près de la moitié des bâtiments construits par Hector Guimard sont détruits (21 sur 53) ; d'autres, condamnés par la spéculation immobilière et l'indifférence des pouvoirs publics, le seront sous leurs yeux.
Jean-Pierre Lyonnet