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La ville aujourd'hui
Marquées par une transformations importante des structures urbaines, et l'emergence de nouvelles logiques, comme le zoning, les réseaux de circulation ou l'affaiblissement de la dichotomie ville/campagne. Si les villes se sont considérablement étendues, elles se sont aussi fragmentées voire dissoutes, et les frontières physiques et sociales se sont estompées, au point que l'idée même de ville fait aujourd'hui question. Le sujet est d'importance, et d'autant plus difficile à aborder dans une perspective historique que les forces à l'oeuvre sont encore vives. Le point de vue qui sous-tend cet ouvrage n'échappe pas à cette tendance. Plus encore que dans les volumes précédents, il privilégie en effet une approche sociologique, qui considère davantage l'espace physique de la ville comme un simple support pour des pratiques sociales qu'en lui-même, au point d'ailleurs que l'on voit mal quelle est la spécificité proprement urbaine de certaines pratiques. Certains chapitres pourraient ainsi fort bien figurer dans une histoire sociale et politique de la France. L'ouvrage est ainsi divisé en 5 parties, comme le rappelle Marcel Roncayolo dans son introduction. La première "définit en amont changements sociaux et politiques urbaines ; la deuxième décrit dans ses effets physiques les résultats de l'urbanisation ; la troisième et la quatrième analysent les valeurs, les mécanismes et les acteurs qui ont produit formes, paysages et compositions sociales ; la cinquième envisage les modalités sociales d'une phase d'urbanisation, accompagnée d'une modification des pratiques". Un sixième chapitre considère la ville comme un lieu politique.
L'approche, on le voit, n'est pas neuve, mais le livre fournit une excellente synthèse des nombreux travaux engagés sur ce sujet. Il y a pourtant dans cet ouvrage plus que cela. L'ambition de faire une histoire "totale" a conduit les auteurs a faire une certaine place à l'évolution des formes urbaines et architecturales, qui n'aurait sans doute pas été envisagée il y a 10 ans dans ce type d'ouvrage. Si les grands ensembles, la rénovation urbaine ou les villes nouvelles sont abordées d'une façon un peu sommaire, essentiellement sous l'angle des procédures et des transformations sociales, un court chapitre est dévolu à la "production de la ville esthétique urbaine et architecturale". Rédigé par Françoise Choay, il s'efforce de mettre en lumière les raisons qui ont conduit à "la confusion de pseudo-styles, à la perte d'urbanité et à la production de laideur sans précédent" qui a accompagné les records quantitatifs enregistrés en matière de construction.
L'analyse de l'évolution de la production formelle ne manque pas d'intérêt, par exemple lorsque sont soulignés "le misérabilisme formel qui trouvait une caution dans la doctrine des CIAM" ou les effets pervers de la planche à dessin, mais elle est gâtée par des prises de positions surprenantes, qui auraient mérité une argumentation plus fine pour être crédible, telle par exemple cette critique de Port-Grimaud, "pastis (sic) varo-vénitien dont les murs de béton n'offrent aucune inertie contre la chaleur de l'été et ne trompent que l'oeil béotien", ou encore cette apologie du siège de l'Unesco à Paris "qui tient brillamment sa partie dans le concert urbain" alors que la voûte du CNIT serait "totalement dépourvue de grâce" et que le Centre Georges Pompidou, d'une "théatralité de foire" aurait sa structure "dissimulée dans d'énormes gaines d'acier". D'autre part, la connivence entre les doctrines esthétiques et les procédures techniques et financières aurait mérité d'être davantage soulignée.
Ce dernier tome est donc divisé en 6 chapitres abordant dans un premier temps la croissance urbaine et la croissance économique, les nouvelles politiques urbaines.
Le deuxième chapitre traite de la croissance démographique dévoreuse d'espace, et des problèmes de logement.
Puis la production de la ville est étudiée sous l'angle de l'esthétisme urbain et urbanistique avec la transformation du tissus urbain et la question du patrimoine (traitement, accompagnement).
Le quatrième chapitre dresse un panorama des nouvelles formes : grands ensembles, villes nouvelles, urbanisation périphérique, mais aussi des rénovations et restructurations.
Les nouveaux modes de vie dans les quartiers, et dans les banlieues (mobilité, réseaux, opposition ville-campagne…) sont aussi étudiés.
Une dernière partie évoque les divers types de politiques urbaines locales à l'aide d'exemples forts (Marseille, Bordeaux, Paris, Grenoble) et le rôle des maires et des partis politiques dans l'environnement urbain.