L'utilisation du métal dans l'architecture connait aujourd'hui un regain d'intérêt, comme en témoigne le Centre Georges Pompidou, la Pyramide du Louvre, l'Institut du Monde Arabe ou la Cité des Sciences de La Villette.
Il est temps de réhabiliter l'architecture en métal, qui depuis l'incendie du CES Pailleron en 1973 a très mauvaise presse. L'ouvrage de Frédéric Seitz est à la fois érudit et pédagogique. Il retrace l'épopée du fer, de la fonte et de l'acier dans l'architecture du XIXème siècle, où ces matériaux concurrencent le bois en se substituant à lui au lieu de proposer d'autres usages et pratiques constructifs. La Tour Eiffel sybolise à merveille cette aventure. Vilipendée par de nombreux artistes et écrivains, elle deviendra vite le blason de la capitale. Avec l'Art nouveau, l'esthétique du métal change et bénéficie des nouveaux procédés techniques que l'industrie de la métallurgie ne cesse de promouvoir. Ainsi, au rivet succède la soudure qui autorise des assemblages plus audacieux, des portées plus grandes, des structures plus légères et des chantiers plus aisées à gérer. Les architectes qui utilisent le métal ne sont plus des parias, même Le Corbusier, pourtant chantre du béton armée, s'y met et réalise avec Pierre Jeanneret le pavillon des Temps nouveaux pour l'exposition universelle de 1937 ; il s'agit d'une tente dont l'ossature est en métal. Si l'entre-deux-guerres est le temps de l'expérimentation, l'après-guerre sera celui de la "rationalité constructive". Il est vrai que l'industrie elle-même va connaître, comme la plupart des autres secteurs, une forte période de croissance, et que les procédés d'industrialisation du bâtiment vont aussi se généraliser. Les réalisations sont alors nombreuses et concernent aussi bien des équipements collectifs (gymnases, universités, etc.), des immeubles de bureaux ou des usines que des logements. Parmi les architectes qui adoptent le métal au cours de ces Trente Glorieuses -et surtout de 1960 jusqu'au début des années 70- on peut citer : E Beaudouin et ses associés (tour Montparnasse), Claude et Jean Prouvé (palais des expositions à Grenoble), Claude Parent (maison de l'Iran à la Cité universitaire de Paris), Jacques Kalisk (école d'architecture de Nanterre, bibliothèque de Choisy), Anatole Kopp, Marcel Lods, etc. Trois "figures", trois personnalités sont plus longuement présentées par l'auteur, tant elles expriment les avancées de l'architecture métallique : ce sont Robert Le Ricolais (1894-1977), qui va enseigner aux Etats-Unis, Edouard Albert (1910-1968), qui va impulser un renouveau à l'architecture métallique et provoquer des "vocations", et Paul Depondt (né en 1926) qui, travaillant aussi bien aux Etats-Unis qu'en France, peut conjuger les qualités professionnelles de ces deux cultures. Il est aussi un inventeur de nombreux procédés de construction. Le travail de Frédéric Seitz a le grand mérite de rectifier quelques idées reçues concernant un matériau qui, finallement, est, et a été utilisé en architecture et a permis à quelques architectes de réaliser leur oeuvre. L'histoire de ce matériau ne peut être compréhensible que si le contexte technique et économique est reconstitué, et si l'état d'esprit des professionnels (les différents métiers du bâtiment, mais aussi les enseignants et formateurs de ces professions) est également décrit : ce sont des histoires entremêlées que relate, sans parti pris, l'auteur. Souhaitons qu'il fasse des émules pour d'autres périodes ou d'autres matériaux !